“Les grands hommes font leur propre piédestal ; l’avenir se charge de la statue.”
Victor Hugo
Partie intégrante de la ville de Bruxelles, la statue équestre de Léopold II est un hommage du pays à son roi. Le personnage devint cool pour sa barbe de hipster mais est aussi souvent malmenée car elle symbolise tous les maux du colonialisme.
À présent, il est question de la fondre pour écrire une nouvelle histoire.
Du héros bâtisseur
Surnommé « Le Roi Bâtisseur », Léopold II fût un souverain respecté qui fît la transition du 19 au 20ème siècle. Sa vie est étroitement liée à l’ expansion économique et au rayonnement de la Belgique grâce au Congo que le pays exploite. Après son décès en 1909, les autorités confient au sculpteur Thomas Vinçotte la création d’une statue en bronze au style éclectique . Elle est parachevée par l’architecte François Malfait pour être érigée en 1926 sur la place du trône.
Au boucher colonialiste
Aujourd’hui, ce roi bâtisseur n’est plus vraiment adulé. Son nouveau surnom est associé au comportements des dominants du colonialisme. Les détracteurs du système de l’époque le qualifient désormais de « bourreau« .
Sa statue ainsi que de nombreux monuments associés à cette période sombre de l’histoire deviennent des symboles-défouloirs pour attirer l’attention.
Savez-vous qu’une réplique existe toujours dans la banlieue de Kinshasa dans le parc présidentiel du Mont-Ngaliema où elle jouit d’une vue sur le fleuve Congo?
Détour par Kinshasa avec le journal « Le Point«
Ces héros inspirent à présent aux tags, attentats, et autres manifestations de leurs opposants. Le roi incriminé n’étant plus de ce monde, il ne peut se défendre et sa statue est devenue un bouc-émissaire.
Peinturlurée de couleur sang en 2008 par un écrivain inspiré, contestée en 2015 par une manif anti-coloniale, la statue n’a de cesse d’être l’objet de la colère pour aboutir à une pétition de 60 000 signatures en 2020 pour la déboulonner.
Nos autorités prennent alors la décision de mettre en place un groupe de travail pour réfléchir à la question de la décolonisation de l’espace public au sens large.
Requiem pour notre hipster ?
Marqueur d’une époque, le cavalier solitaire d’une Belgique révolue regarde son avenir un peu comme au jeu du pendu.
Le 17 février 2021, le Groupe de Travail chargé d’étudier la présence de symboles coloniaux dans l’espace public en Région bruxelloise a terminé la rédaction de son rapport et l’a remis officiellement au Président du Parlement régional bruxellois
On y évoque entre-autre le sort de la statue par deux scénarios (p11.) :
- Soit la construction temporaire qui dissimule la statue pour informer sur l’histoire coloniale belge ou bien que la statue soit déboulonnée et que l’on utilise le socle pour des manifestations artistiques temporaires.
Ensuite, les recommandations vont à faire fondre la statue et d’utiliser le bronze pour réaliser un mémorial aux victimes de la colonisation. - L’alternative plus respectueuse pour le patrimoine sera de déplacer la statue et établir sur l’espace laissé vide, un processus narratif sur l’histoire coloniale.
Et au cheval aussi
L’histoire oubliera sans doute le fin destrier servant à la cause royale. Ce cheval innocent occupe davantage d’espace que son proprétaire pour le plaisir des yeux. Son destin est bien lié à une « fondue ». Et dire qu’on parle de boucherie!
Pour aller plus loin
Tout sur la statue équestre (Wikipédia)
Tout sur Léopold II (Wikipédia)
Rapport complet du groupe de travail sur la décolonisation de l’espace public. (Cloud de urban.brussels)
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